Lou Syrah, journaliste franco-algérienne, en apprenant que son père a été exorcisé quelques années plus tôt, se lance dans une enquête sur la « médecine prophétique » en France.
L’autrice part d’un fait divers dramatique, la mort de la jeune Louisa « torturée » sous couvert d’exorcisme, et met à jour les dessous de la machinerie bien rodée du désenvoûtement islamique.
On y découvre la mainmise sidérante de l’Arabie Saoudite, seule autorité religieuse reconnue aujourd’hui, et autorisant les « exorcismes légaux », roqya charia. Si l’envouté meurt, c’est comme pour la relation patient/médecin, l’exorciste n’est pas responsable. Celui-ci a pourtant le droit de « frapper » le possédé!
Lou Syrah révèle aussi ce monde parallèle, commercial et juteux, de la formation et des soigneurs pratiquant le désenvoûtement, à l’aide de « saignées », les hijama. Cet exercice illégal de la médecine, pratiqué par qui veut bien mettre la main au portemonnaie pour se former, est couvert par la Lloyd’s of London en cas de dérapage.
Mais combien de Louisa continueront de mourir de ces petits dérapages…?
J’ai pris ce livre plus ou moins au hasard dans le catalogue de l’éditeur; la couverture est superbe, j’aime énormément ce prénom, mais je ne savais absolument pas de quoi le livre parlait.
Il est évident que si j’avais lu la 4e de couverture, je n’aurais jamais acheté ce livre: mon esprit trop cartésien me fait fuir dès qu’on parle de religion, de démon ou de possession.
Cependant, j’ai beaucoup aimé ce récit:
– la plume de l’autrice est riche, agréable à suivre dans un sujet pourtant loin de mes préoccupations;
– la construction est intelligente, mêlant enquête journalistique, compte-rendu de police, minutes de procès, et histoire personnelle de manière très maitrisée;
– l’intrigue, menée comme un polar, a su piquer au vif mon intérêt.
Vraiment à lire!
Bravo les éditions Goutte d’Or pour l’originalité de ce choix. Lou Syrah, une plume à suivre…
Une maison d’édition à découvrir 👉🏼
