Décembre 2017, comme tous les vendredis matin, j’écoute « Le quart d’heure de célébrité » de Frédéric Pommier. Mais ce jour-là, ce qu’il décrit est l’abomination à l’état pur, avec des mots toujours si justes, si forts: la maltraitance de nos grands-pères et grands-mères dans les EHPAD. À la fin de sa chronique, je suis obligée de garer la voiture tant je pleure. Sa dernière phrase est un coup de poing dans le ventre: « parce que cette vieille dame, Suzanne, c’est ma grand-mère ».
Je savais que je lirais son livre tôt ou tard quand j’ai su qu’il avait écrit l’histoire de Suzanne.
Dans un style très journalistique, sans pathos et sans larmoiement, Frédéric Pommier parle de sa grand-mère, en alternant sa vie d’avant et sa vie à l’EHPAD.
Ce choix est si judicieux: nous montrer que derrière un vieux, parfois grabataire, tout ridé, dépendant, incontinent, sourd, tremblant… il y a une vie. Une vie bien remplie, faite d’amour, de joie, de malheurs. Une vie comme les nôtres. Parce que ces vieux, c’est nous. De quel droit notre société traite-t-elle aussi mal ses « inutiles »?
Les employés des EHPAD sont mal payés, mal formés, mal sélectionnés, surmenés. Les budgets sont faibles et mal gérés. Mais nos politiques s’en foutent n’est-ce pas, parce que quand on voit leurs déclarations de patrimoine, ils ne placent surement pas leurs aïeux dans ce type d’établissements…
Je finissais le livre le jour où ma maman intégrait la maison que l’on a fait construire dans mon jardin. J’ai cette chance. Je vais pouvoir l’accompagner, l’aider, la soutenir. Mais tout le monde ne peut pas et c’est la mission de la société de s’occuper de nos vieux. Ne fermons pas les yeux.
Merci les éditions Équateurs de publier ce type d’ouvrages. Merci France Inter de votre engagement.
1 comments On « Suzanne », Frédéric Pommier, 2019, éditions des Équateurs et Pocket
…et merci du vôtre par vos écrits.