Jean Daragane, quinquagénaire désabusé, romancier sur la touche, est contacté par un certain Ottolini qui a retrouvé son vieux carnet d’adresses et souhaite le voir. Vite.
Dès la première rencontre Daragane sent un malaise. La femme qui l’accompagne ne semble pas à sa place non plus. Tout est suspect. Pourtant il se laisse recontacter. Il va lui-même vers cette femme, plus tard, pour en savoir plus, déambulant dans ce quartier de la gare Saint-Lazare, se sentant parfois observé. Espionné?
Mais ces rencontres vont surtout ranimer une mémoire qu’il pensait éteinte, des souvenirs enfouis, ceux d’un petit garçon livré à lui-même, abandonné par sa mère. Puis d’autres souvenirs, comme cette femme dans cette grande maison qui prenait soin de lui, venait le chercher à l’école, le gâtait, lui parlait. Une femme qu’il a revue quelques années plus tard, mais il y a si longtemps.
Ce pêle-mêle de souvenirs et d’intrigues non résolues m’a fait l’effet d’un grand bordel dans lequel l’auteur cherche à nous perdre en se foutant bien de nous.
J’avais toujours rangé Modiano dans la catégorie « Pas pour moi ». J’ai bien fait. Je n’aurais pas apprécié il y a quelques années. Là, j’ai savouré. C’est sans queue ni tête, mais la langue est belle, évocatrice, les personnages sont tout en relief et des dizaines de questions apparaissent à chaque page. Je l’ai dévoré.
Pour toutes ces raisons, j’ai aimé, j’accepte de ne pas avoir tout compris et j’en redemande.
Et vous, vous aimez vous perdre un peu quand les mots sont beaux? Vous aimez vous perdre dans des quartiers, dans des villes, dans des vies? Dans vos pensées peut-être?