Voici un roman qui m’a profondément agacée, tant par le fond que par sa forme.
Eléonore a une enfance particulièrement triste et solitaire. Ses parents sont indifférents à sa présence, ne vivant que pour leur symbiose.
À leur mort, à 16 ans, elle se retrouve parachutée dans la cruauté du monde adulte.
Eléonore se réfugie dans le dessin, crée un personnage de BD qui intéresse un éditeur.
Elle achète une vieille ferme et se retire du monde pour dessiner.
Lorsqu’elle rencontre Cameron, c’est le coup de foudre immédiat: inventif, artiste, anticonformiste, beau… il ne manquait que lui dans la vie d’Eléonore pour avoir la vie de famille dont elle rêve.
Trois enfants plus tard, Cameron est un excellent papa-jeu, mais ne subvient à aucun besoin et sa vigilance n’est qu’insouciance.
C’est le drame.
La famille implose.
Eléonore quitte la ferme… ses enfants ne lui pardonnent pas son départ.
Le roman est extrêmement explicite: les faits sont répétés plusieurs fois, les mêmes pensées sont martelées, il y a des dizaines et des dizaines d’anecdotes familiales.
Cette lourdeur peut avoir un sens pour montrer la redondance de sa vie, mais c’est excessif.
Pourtant les phrases de l’autrice sont belles et rythmées.
Une femme qui a tout construit, tout soutenu, porté cette famille avec une volonté inébranlable et un mari qui ne sait pas à quoi ressemble une pince à linge… laisse tout derrière elle?
Laisse à son ex-mari la maison qu’elle a choisie, achetée, aimée, dans le plus bel endroit du monde à ses yeux?
Une femme tait l’adultère de son mari pour ne pas dire du mal de lui devant ses enfants, au point de les perdre elle?
Non. Je ne peux pas supporter les choix de cette femme. J’en suis venue à la trouver détestable et si peu crédible.
Mais c’est ça aussi la littérature. Nos conceptions sont ébranlées. Les personnages ne font pas les choix que nous ferions et toutes les valeurs que nous mettons en place et appliquons sont bousculées.
C’est aussi peut-être pour ça que les redondances de l’histoire m’ont tant agacée…