«On s’y fera», Zoyâ Pirzâd, 2007, Zulma

Je suis partie en Iran avec Arezou…

À Téhéran, dans les années 2000, Arezou est une femme moderne.

Elle mène de front la direction de son agence immobilière avec cinq employés et sa vie de maman solo.

Elle élève seule une fille exigeante et égoïste qui lui reproche constamment son divorce. Son papa chéri vit à Paris et ne donne pas un sou de pension. Monsieur est un intellectuel. Monsieur ne s’encombre pas de basses taches parentales. Mais sa fille ne voit que le rôle restrictif d’Arezou.

Elle est aussi la fille dévouée d’une mère tyrannique qui vit entièrement à ses crochets et donne raison à tous les caprices de sa petite-fille.

Aucune place pour l’amour. Pourtant celui-ci pointera le bout de son nez au moment où elle s’y attend le moins.

Même sa meilleure amie Shirine, qui a pourtant favorisé la rencontre, ne sera plus une alliée.

La mère et la fille représentent à elles deux le qu’en-dira-t-on et le patriarcat alors qu’Arezou ne rêve que de simplicité et de liberté.

Elle tente de combler, avec son faible pouvoir, la fracture gigantesque entre riches et pauvres d’Iran. Elle veut faire plaisir à sa fille et entretenir le standing perdu de sa mère, mais n’en a pas les moyens.

Zoyâ Pirzâd, sur un ton drolatique, dépeint la vie d’une femme qui tente d’avancer avec son temps, dans un pays où s’opposent violemment réussite et échec, richesse et pauvreté, soumission et indépendance.

J’imagine à quel point son texte donne matière à réfléchir à ses lectrices iraniennes, comme d’autres ont pu donner à réfléchir à la femme française des années 50.

J’ai beaucoup aimé cette lecture, au style fluide et théâtral, légère et importante à la fois. J’ai aimé les odeurs et les saveurs, les rues, les maisons, les restaurants, les trajets en bus.

Je me suis vraiment attachée à Arezou. Son histoire me révolte autant qu’elle m’émeut.

Cet été, je suis partie à Téhéran…

Trad du persan, Christophe Balaÿ

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