L’autrice a mis 30 ans à affronter l’assassinat de sa mère, Gwen. Mise devant le fait accompli, elle retrace son enfance heureuse dans le Mississippi, le divorce de ses parents, couple mixte dans un sud post-ségrégationniste et profondément raciste, son départ pour Atlanta avec sa mère, leur complicité, puis la descente aux enfers.
À vrai dire, c’est moi qui utilise le mot enfer, car Natasha Trethewey reste très factuel tout en mêlant art littéraire et auto-analyse de manière très subtile.
Sans tomber dans le témoignage larmoyant, dans le fait divers sensiationnaliste, ni dans le la psychanalyse autocentrée, elle nous livre l’adolescente qu’elle a été, effrayée par un beau-père cruel, d’une extrême violence avec sa mère. Une adolescente pétrie de culpabilité, car murée dans son silence, voire son indifférence, elle ne fera que quelques vaines tentatives pour aider sa mère. Elle semble comprendre encore difficilement son attitude. N’est-ce pas ce que nous appelons l’instinct de survie?
Un des passages du récit montre la force de persuasion de ces hommes qui considèrent les femmes comme leur objet exclusif. Il n’est pas question de folie, il y est question de domination. L’isolement qu’a dû vivre la mère de l’autrice pour sauver sa peau est bien connu, toujours d’actualité et absolument révoltant.
C’est un très bon roman. C’est une très belle écriture.
Lu dans le cadre du Prix Bookstagram. Trad. Céline Leroy
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On «Memorial drive », Natasha Trethewey, 2021, Éditions de l’Olivier
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