«Maudit soit l’espoir», Burhan Sönmez, 2018, Gallimard

Ils sont quatre: l’Étudiant, le Barbier, le Vieil Homme, le Docteur. Quatre prisonniers enfermés sous la ville d’Istanbul dans une cellule de quelques mètres carrés, privés de lumière, d’heure, de chaleur, et de nourriture. Un peu d’eau, du pain rassis, du fromage moisi. Et des tortures. Quotidiennes.

Ils doivent absolument garder leurs secrets, préserver leur identité. Mais parler les réchauffe et cette chaleur humaine, dans un endroit où personne au-dessus ne sait ce qu’ils endurent, est vitale.

Pendant dix jours, ces quatre hommes vont se raconter des histoires, des légendes, des blagues; vont aller boire du rakı, marcher sur la jetée, écouter le bruit d’Istanbul, fumer quelques cigarettes… sans jamais quitter leurs quatre murs et leurs tortionnaires.

Leur force réside dans leur imagination et dans la vie qui se déroule à quelques mètres au-dessus d’eux.

Ce roman est d’une intensité sidérante.
D’une plume superbe, Burhan Sönmez transcende l’horreur et dévoile ce qu’il y a de plus beau chez l’humain. La solidarité, la résilience, la symbiose pour ne faire plus qu’un, partager la douleur de l’autre pour l’atténuer.

J’ai savouré chaque ligne de ce roman exigeant et complètement atypique. Il se veut un huis clos, mais par la puissance des mots et des images, on voyage en permanence. J’ai même franchement ri avec eux. Pensez donc! Rire dans un roman qui touche au paroxysme de l’enfer!

Une énorme réussite. Un talent fou.

Trad Madeleine Zicavo

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