«L’homme coquillage», Aslı Erdoğan, 2018 (2006 pour la version turque), Actes Sud

La narratrice est une jeune chercheuse en physique. Elle est Turque mais travaille dans un prestigieux laboratoire en Suisse.
Une université d’été sur l’île de Sainte-Croix va être l’occasion de sortir de l’enfermement du labo.

Très vite, elle se retrouve à nouveau enfermée dans le rythme effréné des conférences sous la chaleur accablante des tropiques.
Elle décide de prendre la tangente: plage, nage, cocktails, cigarettes, balades… surtout fuir le monde misogyne et barbant des scientifiques qui l’entourent.

Au cours de ses balades, elle rencontre Tony. Pêcheur de coquillages, petit, assez vilain, elle va être happée par cet homme qui la fascine et l’effraie en même temps.

Leurs conversations vont les rapprocher. En partageant leurs douleurs, les violences qu’ils ont subies, en s’écoutant, ils vont se comprendre et allumer une flamme qu’ils croyaient éteinte.
Mais les barrières et conventions ne tombent pas facilement.

J’ai dévoré ce roman. Complètement conquise par la plume de l’autrice, je suis entrée dans le tourbillon de cet amour de deux êtres à vif sans pouvoir lâcher le livre.
On tourne en rond dans leur histoire comme la narratrice tourne en rond à l’intérieur d’elle-même. On a autant envie de la secouer que de la prendre dans les bras pour lui chuchoter : « Chut, là, voilà, ça va aller ».

Le personnage de l’autrice (son double?) joue avec la peur et le danger pour étrangler sa solitude et sa culpabilité.
L’île est autant un paradis qu’un coupe gorge et l’ambiance angoissante est très bien suggérée.

Chapeau pour ce premier roman Aslı Erdoğan! On me souffle que c’est très largement autobiographique…
Je vous parle d’elle bientôt.

Très envie de lire cette autrice à nouveau avant la fin du Printemps de la littérature turque.

Trad J. Lapeyre de Cabanes

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