“L’homme battu”, Olivia Koudrine, 2021, Cherche-Midi

À l’enterrement de son père, Justine gifle violemment sa mère. Cet acte pourrait contenir une partie de ce que sa mère a fait d’elle pendant 20 ans. Se libérer par la violence. C’est souvent ce que Justine a choisi, même si cette violence a plutôt été tournée contre elle-même.

Pendant 20 ans, il a fallu être témoin de la cruauté de sa mère envers son père. Et comme cela ne suffisait pas, cette femme a transformé sa fille en complice, la poussant à mépriser “sa lavette de père”.

Ce roman est pesant et dérangeant. Comment supporter pendant 20 ans une telle histoire? Pourquoi reste-t-elle avec un mari qu’elle méprise et lui avec une épouse qui l’humilie au quotidien, en vient à le frapper?
On en arrive aussi à mépriser cette victime parfaite. N’est-ce pas le but de la perverse manipulatrice?

C’est Justine qui raconte, alternant passé et reconstruction présente.
Le langage que lui donne Olivia Koudrine, entre gouaille ado et verbe haut, humour cinglant et autodérision, allège l’ambiance du récit, faisant de Justine une gosse sacrément attachante.

À l’heure où les violences faites aux femmes sont omniprésentes sur la place publique, centrer son récit sur un homme battu n’est pas anodin. Combien sont-ils? Il est probable qu’ils puissent encore moins en parler que les femmes.
En tout cas, mon grand-père n’en aurait jamais parlé. Son calvaire, les coups en moins, a duré 70 ans. Et c’est moi qui a 16 ans ai giflé ma grand-mère.

Coup de cœur pour ce roman qui sort des clous et que je vous conseille.

2 comments On “L’homme battu”, Olivia Koudrine, 2021, Cherche-Midi

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