Quand Suzanne Rocher quitte Saint-Malo à 20 ans en 1920 pour devenir mannequin chez Madame Lanvin, elle ne se doute pas que c’est une vie de paillettes et de fête qui l’attend à Paris.
De son enfance malouine, elle gardera l’amour de la mer, le rêve d’évasion, le courage du corsaire et plusieurs blessures intérieures.
Mais elle est ignare en tout.
À Paris, elle est prise en main par Yvonne de Brémond d’Ars qui lui apprend tout: l’art, la beauté, s’habiller, parler, se tenir, où faire la fête, qui couche avec qui, les peintres, les écrivains, la poésie, la littérature…
Elle sera sa compagne pendant 10 ans; une compagne possessive et autoritaire.
En se libérant d’Yvonne, Suzanne va devenir Solidor, reine des nuits parisiennes, à la voix chaude et aux épaules de rêve. Le tout Paris des années folles se rue dans son cabaret, tous les peintres connus et moins connus feront son portrait.
Dans une langue lyrique et vive, Charlotte Duthoo c’est magnifiquement glissé dans ce personnage rayonnant, en imaginant ses mémoires, de ses premiers pas sur les jetées de Saint-Malo à ses dernières fêtes à Cagnes-sur-Mer.
Elle nous offre un très beau portrait de cette femme partie de rien, mais à la volonté incroyable, la liberté chevillée au corps, qui n’a eu de cesse d’aller de l’avant, malgré les déchirures et deux guerres.
Suzy Solidor a vécu sa vie, faisant fi des conventions, assumant sa bisexualité, préférant la fête aux mesquineries du monde.
Un bon roman!
“Les nuits Solidor”, Charlotte Duthoo, 2021, Le Cherche Midi