« Les lumières d’Oujda », Marc-Alexandre Oho Bambe, 2020, Calmann Lévy

Mano a quitté le Cameroun pour une vie meilleure à Rome. Son exil se soldera par un retour au pays manu militari.

Lui, le noir, l’Africain, le pauvre, le miséreux, le sans le sou, le poussiéreux avec ses yeux chargés de drames et d’espoir, personne ne l’attend sur la terre des blancs. La richesse ne se partage pas.

Alors de son Afrique il œuvrera pour son Afrique, tentera de retenir ces pauvres petits gars pleins de rêves, ces pauvres gamines pleines d’attente, leur assénant que R-I-E-N ne les attend là-bas.

Qu’Elles et Ils ne seront que chair à violer, chair à torturer, chair à bafouer sur le trajet de l’exil.

Pourtant, de son Afrique, il ne cesse de nous dire pourquoi? Pourquoi Elles et Ils continuent de partir? Entre choisir de mourir immobile et mourir en mouvement, Elles et Ils, plein d’espérance et de tristesse, s’exilent vers l’abondance.

Lire les lumières d’Oujda c’est être percuté.

Percutée par le récit de cet exil sans fin de l’Afrique pauvre et violente, vers l’Europe riche et arrogante.

Percutée par la langue de Marc Alexandre Oho Bambe qui n’écrit pas comme tout le monde. Il a cette langue bien à lui, cette narration qui slame.

Même un esprit réfractaire (je me soigne) à la poésie comme le mien a réussi à se laisser porter. C’est aussi ça la littérature: rencontrer des auteurs qui changent la donne.

Et puis il y a l’amour. Avec Marc Alexandre Oho Bambe c’est un incontournable. Je vous assure qu’en tant que femme, on aimerait être aimée comme les personnages de MAOB aiment. Il aime sa grand-mère Sita, mais il aime aussi Imane qu’il a rencontré à Oujda, dans un lieu minuscule de cette immense Afrique où quelques lumières attirent ces exilés brisés.

Si vous n’avez pas lu Marc Alexandre Oho Bambe, lisez-le. Bien sûr, la barre était très très haute avec « Diên Biên Phù » qui est l’un des plus beaux romans que j’ai lus, mais « Les lumières d’Oujda » est fort et poignant.

Qu'en dites vous ?