“Les Djins de l’argent”, Murathan Mungan, 2018, Kontr

«Les Djinns de l’argent» c’est une rencontre entre un écrivain et un traducteur.
Sylvain Cavaillès, pour son mémoire de master d’études turques, traduit ce recueil autobiographique. C’est sa première traduction du turc. On est en 2012.

Il travaille sur «La ville de Mardin et sa place dans l’œuvre de Murathan Mungan».
Sans lui, ces textes écrits en 1996, ne seraient probablement jamais arrivés jusqu’à nous.

Ce recueil est une plongée dans une époque et la province profonde turque. La pierre brûlante, la poussière, la rue principale, la chaleur accablante, la monotonie, les histoires des anciens.
Tout y est pour s’ennuyer et développer l’imaginaire d’un enfant.

On se régale à observer l’enfant attendre la voiture de la poste pour lire ses magazines préférés.
On a envie de sauter avec lui sur les lits quand la maisonnée sort les matelas d’été, les couvertures brodées, les moustiquaires pour dormir à la fraîche pendant les longs mois d’été.
La découverte qu’il fait sur sa mère à 17 ans est déchirante.

Le dernier texte « Le moi caché », en tant que lectrice, m’a particulièrement interpellée. Murathan Mungan a produit une œuvre foisonnante et possède un imaginaire débordant où il mêle réalisme et magie, conte et histoire personnelle.
Il s’exprime souvent avec «je» dans ses fictions, mais rappelle très justement que « je » n’est pas lui, au risque de décevoir ses lecteurs.
Si vous êtes fâchés avec l’autofiction de manière générale, son texte pourrait vous réconcilier.

Cet auteur est d’une grande élégance. Sa plume est cinématographique.
Un régal du Printemps de la littérature turque publié chez Kontr.

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