Le titre annonce la couleur… on va tomber dans une sombre histoire de pédophilie.
La narratrice, journaliste, est envoyée couvrir une histoire de viol sur mineur dans l’Italie du sud : P., gentil papa adoptif des services sociaux, a abusé sa petite protégée de 11 ans.
Mais ce n’est rien Monsieur le juge, nous nous aimions… P est acquitté.
Notre journaliste essaye de comprendre, d’interroger, mais en Calabre c’est l’omerta, personne ne parle.
Alors resurgit au cours de son investigation toutes les histoires de viol d’enfants qu’elle a approchées, sa cousine, son amie, son voisin, elle, lui ou elle encore, quel que soit le milieu social : elle crie leur témoignage, raconte la mort de leur enfance, vomit leurs prédateurs.
Ça fait mal !
Mais oui, mais ma fille, si tu ne veux pas avoir mal, pourquoi tu lis ce genre de bouquin ?
Parce que la pédophilie, l’inceste, c’est comme l’holocauste, l’esclavage, le Rwanda, les femmes qui meurent sous les coups de leur conjoint… si on n’en parle pas, si on ne lit pas leur souffrance, on les tue une 2efois, non ?
Alors j’ai lu, difficilement, en attendant la 120epage, malgré une écriture de grande qualité. Car outre l’horreur de ce qui est raconté, la construction du roman est confuse : tout s’emmêle, s’empile, se chevauche ; on s’y perd et on se demande si on n’est pas rentré dans un catalogue de la perversité sur mineur.
Le roman est exclusivement à charge : les pères, les frères, les grands-pères sont des violeurs, les mères ou autres témoins ferment les yeux, voire cautionnent ou se taisent et préfèrent se suicider.
S’il vous tente, accrochez-vous mais gardez votre foi en l’humanité.
Ce passage m’a pris à la gorge : « Des gamines comme elle, il y en a des tas, plein de tas même, des petites filles mortes qui ne sentent plus la rose, qui ne deviennent jamais grande. Des petits garçons aussi. Des charniers potelés qui te soufflent dans le nez, derrière chaque porte d’immeuble, de salle de bains, de chambre, de confessionnal, de vestiaire. Derrière chaque mur construit pour ça, il y a un enfant qui se tait depuis longtemps, l’éternité. »
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