“Le rire des déesses”, Ananda Devi

Chinti n’est rien qu’une fourmi de 10 ans, petite chose frêle et malnutrie, sale et puante.

Mais pour les femmes de La Ruelle, Chinti est tout: le rire, la douceur, l’espièglerie, la fraîcheur. Des moments volés dans leurs vies de prostituées ou de transexuelles, des vies dans la boue, la merde et la douleur. Des vies de femmes en marge de la société indienne, tolérées mais conspuées.

Alors quand le puissant et vénéré Shivnath s’en prend à l’enfant, leur enfant, les putes et les trans se transforment en guerrières et dans un élan de sororité et d’amour, elles accompagnent Veena, la mère, vers un combat inégal.

Je sors de cette lecture euphorique et écœurée. Le soulèvement de ces femmes pour une enfant est galvanisant mais la réalité de l’Inde c’est aussi la fange, la famine, le viol des femmes et l’abrutissement religieux. Une réalité décrite par l’autrice avec des mots qui fouillent et qui ensorcèlent.

Raconté à la manière d’une fable orientale, cruelle mais poétique, c’est un récit qui prend aux tripes, les personnages sont incarnés et touchants, les descriptions sensorielles.

Un voyage à faire! Un autrice à lire: Ananda Devi.

“Le rire des déesses”, Ananda Devi, 2021, Grasset

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