« Le génie lesbien », Alice Coffin, 2020, Grasset

Je me suis glissée dans la tête d’une lesbienne, activiste, élue, journaliste, essayiste. Autant vous dire que cet univers est à mille lieues du mien.

 

De la non-neutralité journalistique.

C’est surement là que j’ai appris le plus. La neutralité journalistique n’existe pas: on agit dans notre vie professionnelle avec notre histoire et nos convictions. Mais Alice Coffin va plus loin puisqu’elle défend l’idée que c’est grâce à cet activisme qu’elle est mieux placée pour parler de certains problèmes sociétaux. Pourtant, à cause de son activisme, elle est systématiquement mise à l’écart en tant que journaliste.

 

De l’importance du comingout.

Partie qui a le plus bousculé mes convictions. J’étais plutôt à prôner le « On s’en fout de l’orientation sexuelle des gens ». En effet, dans le monde de Oui-Oui.

Dans notre monde, l’orientation sexuelle est un enjeu majeur d’exclusion et d’identification. Toute la sphère publique étant hétéronormée, comment exister publiquement quand on n’est pas hétéro? Comment accueillir celles et ceux qui ne sont pas hétéros?

Aujourd’hui on peut remercier tous les comingouts du passé.

 

De privilégier la culture féminine.

Trois-mille ans d’invisibilité, de vol, d’interdictions méritent qu’on se penche un peu plus sur la culture des femmes. Sur ce point, Alice Coffin prêche une convaincue. La culture féminine existe et j’ai bien l’intention de la découvrir et de la valoriser.

 

Du pouvoir des lesbiennes.

Je me doutais un peu de ce que cachait le titre ayant lu d’autres essais sur les luttes féministes. Les lesbiennes, détachées de tout besoin de séduction des hommes, ont été de toutes les luttes, souvent en cachant leur lesbianisme sous peine de mort.

 

Voilà pour les points qui m’ont le plus marquée, mais il y en a beaucoup d’autres. C’est foisonnant, bien écrit, étayé et intelligent. D’où le déferlement de haine à la sortie du livre: Alice Coffin bouscule l’ordre établi de manière posée et argumentée. Les chacals se sont jetés sur elle en la traitant de haineuse et d’extrémiste. Comme toujours quand une femme entre en résistance.

2 comments On « Le génie lesbien », Alice Coffin, 2020, Grasset

  • Je n’avais pas envie de le lire à sa sortie au vu de toutes les critiques que j’entendais… ah le pouvoir des médias, hommes blancs pour la plupart qui n’ont même pas lu le livre. Depuis je souhaite le lire…

    • Je l’avais aussi écarté. J’ai lu son texte dans l’ouvrage collectif « Sororité ». Je l’ai trouvé excellent. C’est ce qui m’a donné envie de lire l’essai. Pas de regret. Toutes les critiques négatives que je lis depuis, sont un ramassis de raccourcis et de haine. Beaucoup n’ont en effet pas lu le livre; ou pas compris. Il est bourré de références sur l’activisme féministe.

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