«Le fils du capitaine», Nedim Gürsel, 2016, Seuil

Dans la Turquie d’aujourd’hui, un journaliste se souvient de son enfance en Anatolie et de son adolescence à Istanbul.

Il a 5 ans quand sa mère meurt, sans qu’il comprenne ce qu’est être mort.
Ce n’est que des années plus tard qu’il apprend qu’elle s’est suicidée avec l’arme de service de son père, capitaine dans l’armée turque.

Il finit son enfance élevé par sa grand-mère, femme charismatique qui régente leur vie, puis à la fin de l’école primaire, grâce à ses bons résultats, il est envoyé comme pensionnaire non payant au lycée Galatasaray d’Istanbul.

Il y reste enfermé 8 ans, voyant peu son père marié à la bouteille et complètement indifférent à sa vie.
Il organise alors son quotidien entre ces murs, luttant contre la solitude et la présence continuelle des co-pensionnaires, souffrant des brimades des plus grands, se liant d’amitié avec des camarades qui resteront des amis à vie, étudiant comme un fou pour gagner ses jalons d’indépendance et de liberté.

En terminale, il connaît l’amour et son père participe au coup d’État du 27 mai 1960 par l’armée qui conduira à la pendaison du premier ministre Menderes.

Ce roman très particulier m’a donné du fil à retordre. Les souvenirs intimes du narrateur sont parfois très touchants. On éprouve beaucoup de compassion pour sa solitude, l’absence totale d’amour qu’il subit. Mais ses expériences de garçon avec les copains m’ont vite lassée et l’auteur y revient beaucoup.

Le contexte politique est passionnant et je suis contente d’avoir mis à jour mes connaissances sur la Turquie avant cette lecture car je n’aurais probablement rien saisi. Nedim Gürsel utilise beaucoup le sarcasme et l’allusion pour critiquer le pouvoir actuel en faisant des aller-retours entre les années 60 et aujourd’hui où l’autoritarisme domine toujours.
Pas facile d’en attraper toutes les subtilités.

Pourtant ce roman m’a plu. La plume de Gürsel est absolument remarquable et cinématographique. J’étais complètement enfermée dans le lycée Galatasaray avec eux, j’étouffais et souffrais avec lui.

Un auteur à découvrir!

Trad Jean Desact

1 comments On «Le fils du capitaine», Nedim Gürsel, 2016, Seuil

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