Adrien, 40 ans, est un type vraiment torturé. Il n’exprime jamais ce qu’il pense, laisse les autres penser et décider à sa place, s’oblige à faire ce qu’il déteste, comme un discours pour le mariage de sa petite sœur, exclu social, décalé, maladroit… un peu Pierre Richard en plus fin et plus sensible.
Adrien est un homme amoureux, il aime Sonia d’un amour tendre et passionné. Mais Sonia a demandé à Adrien une « pause » il y a 35 jours. N’y tenant plus, il lui envoie un SMS à 17h24, avant de partir manger chez ses parents, avec sa sœur et son beau-frère. Sonia le lit à 17h56, mais ne répond pas.
À partir de ce constat, commence un long monologue dans les pensées d’Adrien, enfermé dans le huis-clos de ce repas ennuyeux qui ressemble à tous les autres repas de cette famille; un monologue fait de souvenirs d’enfance, de brouillons de discours de mariage, de micro-scènes amoureuses entre Sonia et lui, de portraits à la fois drôles, absurdes et touchants.
_____
N’espérez pas de l’action (monologue + huis-clos c’est rarement palpitant), on est ici invité à prendre son temps, à apprécier les touches d’humour burlesques (Adrien est drôle malgré lui), à grincer des dents devant des clichés familiaux évoqués sur un ton pince-sans-rire, à déguster des situations cocasses et des réflexions pleines d’esprit.
Jouissif pour certains, ennui mortel pour d’autres… Je me suis régalée dès que j’ai réussi à me caler sur la lenteur du propos, à comprendre les obsessions d’Adrien, qui ressasse et répète certaines idées fixes, et à saisir le second (voire troisième) degré de Fabrice Caro.
_____
Pour m’amuser, j’ai imaginé le porte-serviette de la cuisine. Ceux qui l’ont lu comprendront… 😉