La vie clandestine – Monica Sabolo – sélection Goncourt 2022

Monica Sabolo, en panne d’inspiration, choisit d’enquêter sur Action Direct, sujet romanesque dont on parle peu en littérature.

Elle lit, enquête, rencontre, interroge… Où était-elle au moment où AD était ennemi public numéro un?

En plongeant dans l’histoire clandestine du groupe révolutionnaire (terroriste? résistant?), elle plonge dans l’histoire de sa famille, non moins secrète.

En découvrant tous ces personnages d’AD, en les dévoilant, l’autrice dévoile aussi les non-dits et les crimes d’Yves S. sur sa petite personne. Yves S., cet homme qui l’a reconnue alors que son père biologique ne l’a pas fait.

Qui était Yves S, ce tueur d’âme d’enfant? Qui étaient Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron, ces tueuses de George Besse, patron de Renault et père de famille?
Dans ces vies criminelles, y a-t-il une place pour le regret et le pardon?

L’enquête est passionnante, la vie familiale est, malgré la distance qu’y met l’autrice, déchirante.
Je referme cette histoire avec cette pensée triste et désabusée « Alors elle aussi? »
Je ne veux pas m’y habituer. Je veux continuer d’écouter toutes ces femmes et petites filles qui subissent et ont subi les violences sexuelles d’un homme, d’un père. Je ne veux pas que ce sujet devienne banal.

Dans ce roman, c’est la construction littéraire qui est excellente: les deux histoires se mêlent, se rejoignent et se font écho, alors que rien ne semblait les rapprocher au départ. Monica Sabolo n’écrit ainsi ni un documentaire sur AD ni un drame personnel. Elle écrit un roman passionnant, avec une plume superbe.

La version audio est magnifique. La voix chaude de la narratrice donne une profondeur narrative tout à fait envoûtante à l’histoire.

Je le lirai en version papier tant j’ai aimé.

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