“La porte du voyage sans retour”, David Diop, 2021, Seuil
Aglaé trouve, cachés dans un table de nuit ayant appartenu à feu son père, Michel Adanson, des carnets manuscrits. Ceux-ci relatent un voyage qu’il a effectué jeune homme dans les années 1750, au Sénégal.
Jeune botaniste ambitieux, Michel parcourt le Sénégal, alors sous contrôle de la France, accompagné d’une escorte sénégalaise et d’un guide qui n’est autre que le jeune fils d’un des rois tribaux.
Les deux hommes se lient d’amitié et sont happés par une mystérieuse histoire: la nièce d’un autre roi, après avoir été enlevée et envoyée comme esclave aux Amériques, serait revenue miraculeusement en Afrique.
Les deux amis partent à la recherche de cette “revenante”. L’aventure tourne au drame.
La tragédie hantera notre botaniste toute sa vie, même après être devenu père de famille et un académicien respectable.
Je suis épatée par la capacité de David Diop à se renouveler. Je n’avais pas apprécié “Frère d’âme” à cause du style, mais je suis complètement bluffée par son virage stylistique à 180 degrés dans ce roman. Il incarne à merveille un personnage du XVIIIe siècle, dans une langue riche et cinématographique.
Les références historiques sont foisonnantes et accessibles; à aucun moment on n’a l’impression que l’auteur, historien, étale sa science. Il accompagne ses lectrices avec naturel et limpidité.
Les réflexions sur l’esclavage sont poignantes; l’histoire est romanesque et captivante.
Je ne trouve aucun défaut à ce roman. Je l’ai dévoré. C’est un énorme coup de cœur, lisez-le!