« La Fabrique des salauds », Chris Kraus, 2019, Belfond

Koja Solm, 65 ans, une balle dans la tête, raconte à son voisin de lit d’hôpital l’histoire de sa vie.

Germano-balte de Riga, la famille Solm est perturbée par l’arrivée des bolcheviks. Ils doivent fuir en Pologne et les deux frères Solm s’engagent au côté des SS.

Koja n’est pas convaincu par le national-socialisme, mais se laisse embarquer par la vague nazie sans vraiment s’en défendre. Il profite de la situation, ne subit pas les privations, peint et permet à sa famille de vivre. Ev, leur soeur adoptive sauvée petite des massacres bolcheviks, est beaucoup plus méfiante.

À la fin de la guerre, Koja reste prisonnier des Soviétiques pendant plusieurs années, au côté de Maja la femme qu’il aime. Il est libéré à condition de devenir agent de liaison du KGB. Maja est la monnaie d’échange. Koja s’engage donc pour 30 ans d’espionnage en tant qu’agent double en changeant souvent de casquette. Il apprend le mensonge, la trahison de tout le monde : sa patrie, ses amis, sa famille et de sa soeur Ev.

C’est un roman complexe écrit avec beaucoup de sarcasme. Si j’ai compris l’essentiel, il m’a fallu aller doucement pour suivre cette quantité de personnages, de lieux, d’évènements historiques que je connaissais plus ou moins.

J’en ressors pourtant ébahie par le travail de Chris Kraus, la qualité des apports historiques et fascinée par l’histoire des Solm absolument passionnante. Malgré moi je me suis attachée à Koja, destiné à être artiste peintre, à Hub son frère qui voulait être prêtre, et qui sont devenus de parfaits salauds fabriqués par ce siècle sans pitié. Seules les femmes, Ev, Maja, Anna la fille de Koja, par leur force et leur humanité sauvent l’âme de cette famille maudite.

Un livre à lire, mais avec beaucoup d’attention pour les non-initiées à l’histoire de l’espionnage au XXe siècle.

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