Elle ne sait plus qui elle est, n’a plus de prénom, de famille, de passé, d’histoire. Tout s’est effacé à la suite d’un choc posttraumatique entrainant une dislocation de ses fonctions psychiques. Une étrange maladie psychiatrique qui ne touche que les femmes engagées avec virulences dans des causes écologiques.
C’est K qui le lui apprend. Il est le seul à savoir. Créateur de BD, père isolé, ami d’enfance de notre amnésique, il a pour ordre de la part des médecins de l’amener à recouvrer la mémoire seule, au fil des jours, de ne pas trop en dire, afin de ne pas provoquer un nouveau choc irréversible. Il ne la lâchera pas, mais elle va très vite se sentir étouffée.
Pendant 300 pages, nous sommes dans la peau de cette femme, acide, impertinente, libre de toutes contraintes passées, qui reconstruit son histoire si elle daigne revenir, dort à la belle étoile quand ça lui chante, crève quelques pneus de voitures et scie parfois des poteaux électriques.
Elle écrit, beaucoup, fait des rencontres insolites, va voir la mer à Saint-Brieuc, y reste.
Elle redécouvre son corps, le plaisir sexuel, seule ou avec d’autres, et commence à comprendre que son enfance et son adolescence ne se sont pas déroulées dans ce monde. Mais alors où ?
Génial! Vraiment génial! J’ai dévoré ce livre, cette plume, cette femme meurtrie, ses réflexions féministes et écologiques, les personnages secondaires, l’imagination de l’autrice… Je me suis laissé perdre dans ses errances, identifiée, attachée.
Chose rare, j’ai englouti ce roman actuel, à la frontière de l’anticipation, en 3 jours tout en ayant des journées de travail de 12 heures.
Un premier roman par une femme d’exception, sur une femme profondément blessée dans sa chair et dans sa Terre, pour nous les femmes.
Et les hommes? Oui, quelques élus sensibles au sujet peuvent le lire.