« Je suis une sur deux », Giulia Foïs, 2020, Flammarion

Que fait-on si un homme demande de l’aide parce qu’on vient de tout lui voler? Un homme peut secourir, une femme ne peut pas: elle est condamnée à dire « non » à quelqu’un qui demande assistance à 22h dans un parking isolé.

Voilà la réalité de notre monde au féminin: faire des choix permanents pour notre survie. Là, dehors, mais plus souvent sous notre toit, des prédateurs n’attendent qu’une chose, « nous tuer ». Parce que c’est ça le viol, « un meurtre sans cadavre », l’avilissement le plus total du corps féminin, la domination ultime de la puissance masculine.

Quand on veut faire taire une femme, on la menace de viol. En temps de guerre, on vole les trésors et on viole les femmes.

« De vol à viol il n’y a qu’un « i », mais il change tout » dans l’imaginaire collectif: être volé, c’est noble, on a pitié, on maudit les salauds; être violée c’est crade, honteux et vous n’êtes pas bien maligne ou un tantinet provocatrice.

Dans les rares cas où il y a procès, il faut inspirer pitié, devenir une paumée qui n’a plus de vie, au risque de ne pas être une « victime crédible ».

Tout le monde devrait lire ce récit,

– parce qu’un tel témoignage se respecte en le recueillant;

– parce qu’il apporte une réflexion intelligente sur la place des femmes, le harcèlement, les mouvements récents;

– parce que la plume est digne des chroniques et de l’émission de Giulia Foïs sur France inter: au scalpel, forte, engagée, battante pour sa survie et pour faire évoluer la pensée sexiste collective.

Mais surtout, Giulia Foïs a parlé. Et parce qu’elle a parlé, d’autres parleront, « saliront » leur image (oui, une femme violée ça inspire encore dégout ou pitié).

Si Giulia Foïs a été capable de cette résilience, c’est parce qu’elle avait des bases éducatives solides, un espace de parole, un entourage, une maison d’édition qui sait vivre avec son temps…

Toutes ne peuvent pas parler. Toutes n’ont pas le « bon » viol. Beaucoup ne parleront plus jamais (pour moi, elles s’appellent Marie, Sonia et Bénédicte).

Qu'en dites vous ?

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