« Histoires de la nuit », Laurent Mauvignier, RL2020, Les éditions de Minuit

Dans ce petit hameau perdu il n’y a que trois maisons: l’une à vendre, un deuxième, celle de Christine, artiste retirée du tapage des galeries, la dernière celle des Bergogne.

Il y a le père, agriculteur, la mère, employée dans une imprimerie, la fille, pleine de vie, insouciante, folle d’amour pour ces trois adultes qui l’entourent et l’aiment.

Tout y semble lent et paisible. Seule ombre au tableau, Christine reçoit d’étranges lettres anonymes.

Mais ce n’est qu’un détail… le père est à se vaches, l’artiste à ses tableaux, la fille à ses gouters de retour de l’école. On y prépare l’anniversaire de la mère.

Chacun y va de ses petites surprises. Mais la plus grosse surprise, personne ne l’attendait. En une soirée, la vie du hameau va basculer. Des invités non désirés vont s’inviter à la fête.

Quand on ouvre un livre des Éditions de Minuit, on sait que n’importe quel sujet peut être traité de la manière la plus complexe, loufoque, sarcastique, décalé… « Histoires de la nuit » ne déroge pas à la règle.

Laurent Mauvignier, dans ce polar social, étire le temps à l’extrême. Chaque geste, pensée d’un personnage, hypothèse sur une action à venir, peut se remplir de centaines de mots, de dizaines de phrases.

À coup de « peut-être »,  » ou alors », « et si », avec l’usage du futur de supposition, l’auteur joue autant avec nos nerfs qu’avec nos images mentales. Tout un procédé qui à coup sûr rendra ce livre clivant. D’autant que son épaisseur, alors que la tendance est au vite lu de moins de 200 pages, en rebutera plus d’un.

Ce qui, sous la plume d’un autre, aurait été ennuyeux et intello, devient avec Laurent Mauvignier le paroxysme de l’art littéraire, de la créativité et de la richesse lexicale. Je crie au génie et je ne peux que vous inciter à prendre le temps de lire ce pavé et de le déguster.

Plusieurs jours après, ce hameau, Christine, les Bergogne nous manquent encore.

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