«Girl», Edna O’Brien, RL2019, Sabine Wespieser

La jeune lycéenne Nigériane Maryam est « morte » le jour où les djihadistes sont entrés dans son dortoir et l’ont volée avec 200 autres filles.

Depuis, elle est une autre, violée, battue, humiliée, mise en esclavage, puis mariée de force et mère. Une si petite mère. Un si petit bébé.

Mais Maryam est une battante et avec Babby et son amie Buki, elles vont fuir, et traverser la jungle nigériane au risque de leur vie. Fuir pour finalement retourner dans un village où elle n’est plus la bienvenue, où elle et son bébé représentent la honte.

« Bakhita », « Filles de la mer », « Mur Méditerranée », « Elle avait les yeux verts »… Le scénario est facile puisque dans toutes les guerres la femme est transformée en esclave sexuelle ou en mère pondeuse, puis il y a l’après, celui de la honte ou du retour à la vie.

Doit-on pour autant arrêter d’écrire leur histoire, surtout si elle est vraie? Ne serait-ce pas les tuer une seconde fois ?

Cependant, si l’on choisit de raconter, autant le faire bien. Or là, j’ai trouvé cette lecture laborieuse:

– le récit est elliptique et implicite à outrance ;

– il n’y a quasiment aucune description de lieux, personnes, paysages, ravisseurs ;

– les sens ne sont pas mis en éveil ;

– l’émotion est au niveau -1 ;

– la parole n’est donnée qu’à cette héroïne imaginaire, de manière minimaliste, jamais aux autres filles qui ont subies ce drame en 2014.

Le style grammatical est bancal avec son alternance imparfait/présent au lieu du classique imparfait/passé simple. La traduction est peu littéraire.

On ne saura finalement pas grand-chose de cet événement dramatique, mis à la Une par Michelle Obama en 2014.

Une auteure célèbre et adulée qui aurait peut-être eu besoin d’affiner son manuscrit pour en faire un « vrai » roman historique, car finalement, la légitimité de l’auteure, blanche, occidentale, racontant cette histoire me questionne.

Qu'en dites vous ?

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