Ersin Karabulut pour le Printemps de la littérature turque

Dessinateur génial, Ersin Karabulut fonde en 2007 l’hebdomadaire satirique et humoriste Uykusuz.
Il n’a que 26 ans mais le magazine devient très vite un succès en Turquie.

Il y publie des planches de BD dans lesquelles il expose une vision très métaphorique (et très drôle) de la société turque.

S’il conserve une ligne toujours politique, il préfère observer l’humain plutôt que les hommes politiques. Ces derniers ne cherchent qu’à conserver leur pouvoir, alors que la société est encore susceptible d’être éveillée.

Chez Fluide Glacial, il publie deux volumes de ses chroniques sur cette société : « Les contes ordinaires d’une société résignée » et « Jusqu’ici tout allait bien ».
C’est drôle, cinglant et le graphisme est superbe!

Pourtant, malgré sa vision de la société, on sent une bienveillance de la part d’Ersin Karabulut vis à vis de ces hommes et ces femmes qui s’habituent à tout, même au pire.
Il l’explique par l’histoire de la Turquie. Depuis des années les combats menés ont été perdus, réprimés dans la violence, les gens ont été emprisonnés et torturés par simple dénonciation.
Difficile de descendre dans la rue de manière sereine aujourd’hui.

Lui-même reconnaît pratiquer l’autocensure, comme beaucoup d’auteurs et autrices turcs.
Le magazine a subi plusieurs procès pour insulte au président.

Il n’y a pas de véritable « bureau de censure » en Turquie, mais les procès pleuvent, les emprisonnements arbitraires sont monnaie courante et les procès ridicules.
Une Une montrant un dessin caricatural du président sera très souvent cachée par les vendeurs de journaux.

À la rentrée littéraire 2022, Ersin Karabulut publie chez Dargaud « Journal inquiet d’Istanbul ». Il fait, dans cette BD, un portrait désabusé et humoristique de la société turque dans un pays toujours plus à la dérive.
Le genre satirique étant de plus en plus difficile à publier dans la Turquie d’Erdoğan, la BD ne sortira qu’en France et quelques pays européens.

À nous aussi, en France, grâce aux éditeurs, de soutenir ces pays, ces auteurs et autrices condamnés au silence et à l’autocensure par peur des représailles.

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