Au bord de la mer Égée, Gazâ grandit dans l’enfer. Les coups de son père, l’absence de jeu, aucun ami…
Mais le cauchemar se trouve dans ses activités extrascolaires.
Ahad, le père, est membre d’un réseau de passeurs de clandestins. Gazâ, dès l’âge de 9 ans doit l’aider.
Des petites missions de courses, de distribution d’eau les premiers années, à la surveillance du dépôt où est parquée la marchandise humaine, Gazâ va tout voir, tout subir, jusque dans sa chair.
Il n’a aucune empathie pour ces hommes et ces femmes. Il les hait, voudrait les voir disparaître, avoir une vie d’enfant normal, un père qui s’occupe de lui. Voudrait savoir où est enterrée sa mère, qui, aux dires de son père, a voulu le tuer à la naissance.
Il laisse d’abord mourir un des clandestins, par négligence. Cuma était pourtant gentil avec lui. C’est le seul.
Cette mort va le hanter, mais le mal prend le dessus et Gazâ devient l’enfant bourreau des clandestins, l’enfant violeur des femmes et se met à faire des expériences sur eux.
Quand il a 15 ans, alors qu’il devait être boursier dans un lycée d’Istanbul, son père le sort de l’école et le garde comme passeur à plein temps. Un drame survient…
Gazâ commence une nouvelle vie.
Peut-on commencer une nouvelle vie après tout ça?
Je ressors de ce livre autant écœurée que bouleversée. J’aurais voulu détester Gazâ mais je me suis profondément attachée à lui, comme je me suis rarement attachée à un personnage de roman.
C’est tout l’art de Hakan Günday: dépeindre la descente aux enfers de la victime devenue bourreau de manière si précise et efficace que pas un seul moment on ne doute de cette histoire.
Étrangement, je n’ai pas eu de sentiment d’acharnement sur son personnage. Là où certains auteurs accumulent les vices et les horreurs, Günday prend régulièrement de la distance, alterne les phases de réflexions pour rendre Gazâ maître de son destin sans être le pantin d’un auteur lui-même bourreau.
Ce roman est excellent ! Cet auteur, à la plume intense est littéraire, est un excellent conteur.
Fabuleuse découverte de ce Printemps de la littérature turque.
Trad Jean Descat
Disponible en Poche.
1 comments On “Encore”, Hakan Günday, 2015, Galaade éditions
Je le note !