« En salle », Claire Baglin, RL2022, Les éditions de Minuit

La narratrice, enfant, se réjouit de cette rare virée au fast-food avec ses parents et son petit frère.
La narratrice, adulte, fait ses premiers pas en tant qu’équipière polyvalente dans un fast-food.

L’enfant baignée dans une vie faite de frustrations et de plaisirs tronqués faute d’argent.
L’adulte obligée de bosser pendant ses mois d’été (voire septembre pour être sure d’avoir le job) afin d’assurer l’année universitaire à venir.

L’enfant qui grandit en observant ce père aux horaires aléatoires, fatigué de son travail abrutissant, une fatigue qui parfois mène à l’erreur professionnelle, la blessure grave. Mais il faut continuer. Pas le choix…
Une adulte qui connaît les mêmes fatigues, les mêmes dégoûts en salle, les mêmes erreurs et les mêmes blessures physiques. Mais il faut continuer. Pas le choix…

Ces deux Claire se donnent la parole à des époques différentes mais parallèles, comme une fatalité.
La reproduction obligée d’un schéma de classe offre peu de chances de glisser vers le confort d’une vie meilleure.

Ce premier roman est bluffant. Claire Baglin allie créativité littéraire et roman social poignant. Sans apitoiement, sans larmoiement, c’est une claque implicite sur la condition des classes populaires.
Il vous faudra lire entre les lignes.

Adoré !

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