Crazy brave. Folle courageuse. Voilà deux adjectifs qui qualifient à la perfection cette femme: il faut être folle pour entreprendre ce qu’elle a entrepris et être doté d’un courage démesuré pour y parvenir.
Mais n’est-ce pas ça être une femme? Combien sont-elles à être parties de la fiente de ce monde et à s’être hissées au sommet de leur rêve? Très peu, mais finalement énormément compte tenu des montagnes qu’il faut soulever quand on est une femme.
Joy Harjo est amérindienne, Creek et Cherokee, fille d’un alcoolique qui abandonne sa famille pour aller courir jupette. Elle porte tout le poids du passé de son peuple, spolié de ses terres, déporté, réduit à vivre dans des camps, gangréné par l’alcool et la drogue. Elle doit se battre contre un beau-père psychopathe, une mère qui se soumet, une grossesse qui arrive trop tôt, un mari qui la bat…
Mais Joy Harjo a des rêves; Joy Harjo est une artiste; Joy Harjo croit en l’enseignement et à l’esprit de ses ancêtres.
Du haut de ses 15 ans, elle parviendra à faire appel à ce qui reste de la communauté amérindienne, à étudier l’art, à sortir du foyer familial toxique et après mille aller-retours, un combat contre l’alcool, des maternités bien trop jeune, des pères démissionnaires, des crises de panique à répétition, Joy Harjo devient une artiste complète: chanteuse, poètesse, saxophoniste, comédienne, plasticienne… Jusqu’à la consécration en 2019, où l’Amérique de Trump, qui appelle les amérindiennes des « Pocahontas », la consacrera « 23rd Poet Laureate of the United States ».
Je suis tombée amoureuse de cette femme et de sa force. De sa folle bravoure. Sa biographie est envoutante, sa poésie est d’une douceur inouïe. J’écoute ses albums très jazzy, sa voix, son saxo avec tant de plaisir.
Ne passez pas à côté de cette immense voix du féminisme américain.