Voilà un livre que j’attendais avec impatience (la loi des réservations en bibliothèque). Certains avis négatifs avaient douché mon empressement et je ne savais plus si j’en avais si envie.

Je ne vous ferai pas un énième résumé de l’histoire ni une explication du procédé narratif. Mon avis, pour une fois, suffira.

J’ai trouvé les premières pages abruptes, très vulgaires et cinglantes. Les lettres de Rébecca m’irritaient.
Les problèmes de dépendance à la drogue me tiennent à distance et il en est beaucoup question dans ce roman.

Puis ces personnages qui se transforment au fil de leur relation, de leurs échanges, le confinement qui vient faucher tout le monde dans sa morgue, la palette de couleurs et de dégradés qui se dégage des réflexions… j’ai été happée et tenue deux nuits de suite éveillée.

«Son analyse est solidement adossée à une culture politique que je n’ai pas et que je suis incapable de déployer sans elle» dit Oscar.
Je pourrais en dire autant de Virginie Despentes. Elle m’aide à penser. Elle soulève des pierres qui m’irritent la plante des pieds pour en sortir des réflexions qui me soulagent et m’éclairent sur notre société. La domination des hommes, le contrôle par la machine, les réseaux sociaux, les générations, le vieillissement des femmes et justement les dépendances, sont les thèmes qui m’ont particulièrement piquée.

J’ai lu ici ou là qu’elle enfonçait des portes ouvertes. Ah bon? Pourtant je les vois toujours fermées ces portes.
Suis-je une idiote incapable de penser par moi-même ? Non. Mais une pensée s’organise, se nourrit et s’installe grâce l’analyse d’auteurs et d’autrices capables de coucher sur le papier 400 pages de brillante éloquence que nous serions incapables de formuler et encore moins d’écrire.

Ensuite, il y a le style Despentes. Je veux bien reconnaître qu’il râpe voire écorche. Mais depuis quand la littérature n’est faite que de poésie et de beaux mots?
Son style donne envie de mordre, elle a l’art de la formule et elle m’embarque à chaque fois, même s’il m’arrive de grincer des dents.

J’ai bien fait de me faire mon avis. J’ai adoré. J’en redemande!