« Ce qu’il faut de nuit », Laurent Petitmangin, RL2020, La manufacture des livres

Il élève seul ses garçons depuis l’adolescence de l’ainé, dans un Est de la France sinistré. Il fait ce qu’il peut, avec ses connaissances de la vie, ses ambitions médiocres et son amour.

 

Quand les idées de l’ainé dérapent, gangrénées par le manque d’ambition et étriquées par un horizon limité, le père oscille entre désamour et incompétence paternelle.

Lui, le syndicaliste, le cheminot, comment pourrait-il aimer un fils qui fricote avec le FN?

Puis ce ne sont plus les idées qui dérapent, mais les actes. Face au drame, ce père lâche prise.

 

Ce roman dit tout en moins de 200 pages. Tout ce que misères sociale et éducative ont de conséquences graves sur l’avenir des jeunes. Il est d’une justesse remarquable.

 

Le langage du père tout d’abord. Il est la voix de l’histoire, une voix tellement authentique.

L’absence maternelle, ensuite, qui aurait pu porter l’ambition d’instruction de son fils si intelligent, qui aurait aimé son fils quoiqu’il ait fait, qui se serait battue. Mais voilà, ce n’est qu’un père…

L’inertie des milieux populaires, pour finir, qui devant les obstacles de la vie, trébuchent, trébuchent… s’écroulent, font des actes irréversibles.

 

Il est question ici de notre société profondément injuste, où les plus éduqués tirent leur épingle du jeu, connaissent les filons, où les petits restent petits et se font enfermer dans leurs incompétences.

 

J’ai aimé ce livre pour son réalisme, mais tout le monde n’aimera pas observer les zones sinistrées.

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