“Au printemps des monstres”, Philippe Jaenada, 2021, Juilliard
Luc Taron, 11 ans, est retrouvé mort au petit matin du 27 mai 1968.
Les premiers soupçons se portent sur les parents, mais très vite, un homme revendique le crime: il est l’étrangleur de l’enfant.
Par ces lettres, L’Étrangleur va mener police et journalistes en bateau, les ridiculiser, écrire des courriers fous, revendiquer d’autres meurtres, fanfaronner.
Au bout de cinq semaines de cirque, trop gourmand de notoriété, il se fait prendre. Il se jette littéralement dans la gueule du loup policier.
L’Étrangleur deviendra le plus vieux détenu de France, pour un crime… qu’il ne peut pas avoir commis.
Menteur, manipulateur, pion, arnaqueur, paumé, doux dingue, niais, détraqué. Mais pas tueur.
Comment en est-il arrivé là? Comment la justice a-t-elle pu se tromper à ce point?
C’est tout l’intérêt de ce récit absolument édifiant, où tout est décortiqué, analysé, mis en parallèle ou en contradiction, pour comprendre un système juridique où finalement « la justice n’est qu’une loterie » (j’ai envie d’ajouter, surtout pour les petits de ce monde).
L’univers qui entoure Lucien Léger, puisque c’est son nom, n’est fait que de monstres de tout acabit.
Lucien Léger devient très vite un agneau dans la bergerie de cette faune monstrueuse.
Une petite lumière, faible et vacillante, dans ce décor sinistre (mais fascinant du Paris d’après guerre): Solange, la femme de Lucien.
La dernière partie est un sublime hommage à la résistance des femmes de rien de cette époque.
On m’a souvent conseillé Philippe Jaenada (j’étais de bonne volonté : j’ai acheté “La petite femelle” en poche), j’ai enfin fait sa connaissance, lu ses parenthèses, éclaté de rire (à plusieurs reprises) souri (très souvent) lors de ses incursions dans le récit.
Voilà. J’ai adoré! Merci pour vos conseils avisés!
Le pavé en rebutera plus d’une. Vous aurez tort. C’est un coup de génie sur la complexité de notre justice ce bouquin.
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