Yaşar Kemal (1923-2015) pour le Printemps de la littérature turque

De père Kurde et de mère Turque, Yaşar Kemal nait dans une région montagneuse et aride, aujourd’hui située en Anatolie orientale. Il est nourri toute son enfance par les contes, chants et poésies de l’Ethnie Yörük dans laquelle il grandit. Les paysages qui l’entourent, la nature, les valeurs de solidarité et d’entraide nourrissent sa personnalité.

Son enfance est difficile: il perd un œil suite à un accident, à 5 ans son père est assassiné sous ses yeux par son fils adoptif, sa mère est très pauvre et il doit abandonner ses études au collège d’Adana pour travailler. Il accumule les petits boulots assez durs.

Il est finalement pris en charge par des intellectuels communistes et cette rencontre va finir de façonner l’intellectuel qu’il deviendra.

Yaşar Kemal s’installe à Istanbul, devient journaliste et écrit un premier recueil de nouvelles en 1951 (dont deux auraient été censurées par le pouvoir turc).

En 1955, son premier roman « Mèmed le mince » devient un succès national puis international, le plaçant immédiatement parmi les écrivains turcs les plus importants. Il est traduit dans plus de quarante langues. Il écrira la série des Mèmed par la suite, publiée dans son intégralité chez Quarto Gallimard.

Yaşar Kemal est l’écrivain des opprimés: les Kurdes bien sûr, mais aussi les Arméniens et les ethnies effacées par les gouvernements turcs successifs depuis la féodalité ottomane jusqu’au XIXe siècle.

Il écrit dans une langue épique, en s’inspirant de la tradition orale du conte et de la poésie chantée qui l’ont nourri dans son enfance. Il traduit littéralement à l’écrit cette langue orale. Il y parle des dominés, du dur labeur qu’impose le seigneur, qu’il soit Ottoman ou Turc moderne.

Ses histoires se situent majoritairement dans son Anatolie natale, mais quelquefois aussi à Istanbul où les oubliés, ceux de la périphérie, subissent le même traitement que les paysans malmenés.

Son engagement communiste et sa défense des opprimés lui vaudront de nombreuses condamnations et séjours en prison. Sa notoriété internationale l’en sortira. Il en profite donc, courageusement, pour dénoncer la domination du pouvoir turc tout au long de sa vie.

Il défend également la nature que la mécanisation et le monde libéral détruisent, mais aussi les animaux comme le massacre des dauphins pour leur graisse.

Il meurt en 2015 à l’âge de 92 ans, laissant derrière lui une bibliographie impressionnante (publiée chez Gallimard) qui aurait bien mérité un prix Nobel de littérature.

Pour plus d’informations: lire l’article qui lui est consacré sur Universalis et voir le reportage d’Arte « L’Anatolie rebelle de Yachar Kemal ». Son prénom a été occidentalisé, chose que l’on ne fait plus aujourd’hui.

Je vous ai présenté dans un article précédent La légende du mont Ararat.

3 comments On Yaşar Kemal (1923-2015) pour le Printemps de la littérature turque

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