«Incendies», Wajdi Mouawad, 2003

Jeanne et Simon se rendent chez le notaire afin d’écouter la lecture du testament de leur mère, tout juste décédée.
Cette mère qui n’a plus ouvert la bouche depuis cinq ans, cette mère qui les appelle «les jumeaux», cette mère qui a passé dix ans au palais de justice pour suivre des procès de criminels…

Voilà qu’elle leur transmet deux lettres et un carnet rouge. L’un des enfants doit retrouver son frère, l’autre son père.

La réaction des enfants est violente, mais Jeanne se lance dans la recherche, puis, aidée du notaire, finit par y entraîner Simon.
Et c’est dans un passé de guerre, de torture, d’extrême violence qu’ils font connaissance avec leur mère dans les quarante premières années de sa vie: Nawal Marwan était une combattante, mais aussi une mère, qui cherchait l’enfant qu’on lui avait enlevé, un enfant né d’un amour interdit.

En peu de pages, Wajdi Mouawad appuie là où la guerre fait le plus mal: les familles brisées, l’enrôlement, les massacres d’innocents, les abus faits aux femmes.

Il dresse un merveilleux portrait de deux femmes qui se soutiennent aux heures les plus sombres de la guerre: elles cherchent l’enfant de Nawal ensemble, l’une apprend à l’autre à lire, l’autre apprend à l’une à chanter.

Mais au cœur de la guerre leur destin ne peut être que terrible.
Pourtant, Nawal aura cette tirade splendide où elle explique à son amie comme il est facile pour la victime de devenir bourreau, comme il est facile de haïr et de ne jamais arrêter le cycle de la destruction.

Nawal est directement inspirée de Souha Bechara, militante résistante libanaise, arrêtée et torturée pour avoir tenté d’assassiner un général de milice libanaise qui soutenait les Israéliens pendant la guerre civile.

J’ai retrouvé dans cette pièce de théâtre la force et la profondeur d’Antigone d’Anouilh.
Wajdi Mouawad, pour alléger le drame que les enfants vont découvrir dans leur quête, se sert du notaire, drôle et touchant.

Vraiment, vraiment, découvrez ce bijou d’humanisme et d’intelligence!
Moi je me programme de découvrir tout le reste de l’œuvre de Wajdi Mouawad.

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